Quelles sont les options ? Est-ce vraiment le moment de changer de plan ou de stratégie ?

6 h 30. 5 passagers à bord du vol Inkongo – Tshikaji, autonomie de 4 h 30 d’essence, durée du vol : 42 min., temps à l’arrivée : clair, quelques nuages élevés. Tel est mon plan de vol alors que j’arrive en bout de piste, poussant avec fermeté la manette des gaz de mon Cessna 206. Après avoir tiré sur le manche à balai quelques instants plus tard, je m’élève au-dessus de cette piste de brousse le long de la rivière Sankuru en République Démocratique du Congo pour amorcer un virage sur la gauche en direction de ma destination.

La journée sera longue, puisque je dois ramener chez eux tous les membres de notre Assemblée générale qui s’est tenue pendant plusieurs jours dans cet endroit, parce qu’il était propice à une telle rencontre. À bord, plusieurs membres de notre conseil d’administration qui ont la priorité pour le retour. Mon assistante de vol, qui n’est autre que mon épouse, m’a informé des conditions météorologiques de cette matinée qui se déroule normalement.

Mon altitude est de 4 500 pieds et je vois déjà au loin la grande ville de Kananga, juste avant le petit village de Tshikaji, qui abrite un grand hôpital et auquel on accède par une longue piste en terre battue. Mais, à ma grande surprise, alors que je m’apprête à entamer la descente vers ma destination, je vois une nappe de brouillard qui s’étend de plus en plus devant moi. Que s’est-il passé entre le moment où ma femme m’a donné les infos et l’instant présent ? Peu importe, la réalité est là et un sentiment de panique commence à m’envahir puisque je vole en mode VFR, c’est-à-dire que je vole à vue.

Alors que je cherche désespérément à apercevoir le sol, je ne vois plus qu’une nappe blanche épaisse. Au-dessus de moi, le soleil brille dans toute sa splendeur, mais cela ne m’aide guère dans ma situation. Je contacte mon épouse qui est dans la ville de Kananga et qui me confirme que le ciel est bien dégagé ; pourtant je n’arrive pas à voir la piste ou le village.

Je me vois déjà vivre mes derniers instants, laissant derrière moi mon épouse et mes deux petits garçons. Avec mes amis les passagers, nous commençons à hurler vers Dieu pour qu’il nous vienne en aide dans cette nacelle qui est comme suspendue dans les airs. Car commencer à descendre au travers de cette nappe de brouillard serait un énorme risque, puisqu’il y a des lignes à haute tension et des pylones dans le voisinage. C’est vrai que je commence à paniquer, paralysé par le souci de n’avoir plus assez d’essence (alors que j’en avais encore pour plus de 3 heures). Je cherche donc vainement un endroit dans cette nappe de brouillard qui laisserait entrevoir le sol. Même le personnel de l’hôpital me confirme qu’ils m’entendent juste au-dessus d’eux… mais rien n’y fait pour moi, la nappe est opaque. Après avoir tourné en rond au-dessus de ma destination pendant près de 30 minutes, je distingue soudainement le chemin que j’emprunte d’habitude à moto pour parvenir à la piste. Une petite ouverture s’est faite dans cette grande nappe. Je tente alors de descendre rapidement et me retrouve à voler à environ une cinquantaine de mètres au-dessus du chemin pour le suivre jusqu’à la piste, où je parviens finalement à atterrir en toute sécurité. Quel soulagement indicible ! Je dois avouer que cette expérience m’habite encore aujourd’hui comme si c’était hier.

C’est un peu ce que nous vivons actuellement, me semble-t-il. Nous avions tout planifié, les projets avançaient bien, certes avec leur lot de difficultés, mais tout d’un coup, ce petit virus est venu de manière totalement inattendue et a pratiquement tout annulé. Certainement nous avons été en proie à un sentiment de paralysie, ou de panique. Que faire alors, comment nous en sortir, comment continuer de façon positive alors que l’avenir est si incertain et que le retour à la normale est loin d’être évident ? Est-ce vraiment le bon moment d’entamer des projets ? Comment aller de l’avant sans avoir l’impression de tout perdre ?

Comme dans mon expérience de vol, la paralysie ou la panique ne sont pas de bonnes options. Elles nous bloquent dans notre créativité, nous maintiennent dans la confusion et nous sapent le moral. Il me semble donc que la réorientation est de mise et cela implique plusieurs éléments :

1. Reconnaître nos ressentis.

Ne pas les enfouir en nous. Il est important de chercher à discuter avec une ou plusieurs personnes de confiance afin de recevoir de l’empathie quant à la situation dans laquelle nous sommes. À ce stade, nous n’avons pas besoin de conseil, mais simplement d’une écoute attentive. Une alternative bienfaisante et qui ne déçoit jamais est d’exprimer ses ressentis devant Dieu dans la prière. C’est ce que le prophète Jérémie nous encourage à faire (Lamentations de Jérémie 2.19).

2. Faire le point de la situation.

En d’autres termes, il est nécessaire de faire l’état des lieux, de reconnaître tout ce que nous avons – et non pas ce que nous n’avons pas. Dans un moment de panique, il est très facile de laisser les émotions prendre le dessus et de manquer de clairvoyance ddans le constat des éléments à notre disposition. Une attitude de reconnaissance face à toutes ces choses est bienfaisante et met aussi Dieu à la bonne place face à ce que nous vivons. Apprenons à le remercier pour qui il est, pour sa présence, pour son amour et ses soins dans le passé, etpour la situation actuelle. Oui, c’est une étape de foi !

3. Nous réorienter.

Comme dans mon expérience de vol, il est urgent d’apprendre à chercher d’autres chemins, comme d’ailleurs un GPS le fait en nous proposant plusieurs alternatives lorsque nous nous sommes égarés. Cela implique l’acceptation de la situation, de l’humilité, de la dépendance d’autres personnes qui nous donneront des idées, voire le recours à Dieu pour recevoir de la force, de l’aide et de la sagesse. En effet, la sagesse est de savoir faire la chose juste au moment opportun et ce n’est pas évident au premier abord. Il est donc important de chercher un chemin sur lequel se réengager, peut-être une nouvelle direction, de nouvelles méthodes ou encore une nouvelle manière de faire.

4. Agir maintenant.

Le temps qui passe n’est plus récupérable et nous risquons de le regretter. Nous devons apprendre à agir avancer pas à pas alors même que nous ne savons pas si tel ou tel chemin est le bon. C’est souvent en essayant diverses portes en apparence fermées que nous découvrirons celle qui se laisse ouvrir.

Pour aller plus loin dans ces réflexions, je vous propose une formation sur ce thème : 7 clés à développer pour vaincre la crise maintenant.

À vous !

Comment vivez-vous ces temps inattendus ?

 

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